Comme tous les cinq ans, l’étude Progress in International Reading Literacy Study (Pirls) a testé 320 000 écoliers âgés de 9 à 10 ans et ayant suivi quatre années de scolarité obligatoire (autrement dit, l’équivalent en France du CM1), sur leurs capacités à comprendre des textes littéraires ou purement informatifs.
Résultat ? La France produirait des tocards.
L’étude Pirls
Dans l’étude de 2016, 34 pays sur 50 obtiennent un score supérieur à la barre des 500, fixée en 2001 comme étant alors la moyenne des performances des pays participants.
La France affiche 511 points, contre 520 en 2011 et 532 en 2001. Un score assez médiocre qui la place en… 34e position. Pour information, la moyenne européenne est de 540 points. En gros, La France continue de décliner (en compagnie des Pays-Bas) alors que le reste du monde progresse.
Un résultat tellement minable que Jean d’Ormesson en est mort.
La France devance par exemple l’Égypte (330 points), le Maroc (358), Malte (494) ou le Chili (494).
Mais elle se fait distancier en beauté par l’Espagne et le Portugal (ex aequo à 528), l’Allemagne (537), l’Italie (548), les États-Unis (549) ou encore l’Angleterre (559).
Singapour (576) et la Russie (584) caracolent en tête, avec Hong Kong (569) et l’Irlande (567, 565 pour l’Irlande du Nord).
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Sources : Pirls 2016 / Le Nouvel Observateur |
« C’est quoi, Pirls ? Je n’en ai jamais entendu parler. »
Et c’est normal puisque vous ne lisez quasiment pas, tas de cancres.
Pirls mesure « l’aptitude à comprendre et à utiliser les formes du langage écrit que requiert la société », explique l’Association internationale pour l’évaluation du rendement scolaire (IAE), à l’origine de l’étude. « Les jeunes lecteurs lisent pour apprendre, pour s’intégrer dans une société où la lecture joue un rôle essentiel et pour leur plaisir. »
En gros, les petits Français lisent moins et comprennent moins bien ce qu’ils lisent. Mon analyse ? Ils se crétinisent avec le temps.
Nivellement par le bas
Je voudrais balancer un commentaire politique, je dirais que c’est le prix à payer pour souhaiter faire de nos élèves des produits à la disposition des entreprises.
Ou que celui qui sème un programme scolaire chiant et rigide comme la mort récolte des têtes blondes bien vides comme il faut.
Mais je n’ai ni les connaissances ni les compétences pour me lancer dans de telles analyses. Tout au plus, en regardant le calendrier, puis-je constater :
- que la période couvre 16 ans de politique de plus en plus à droite,
- et que je ne crois pas particulièrement au hasard.
Vers l’égalité des sexes ?
Réfractaires à la complexité
Pirls se présente sous la forme d’une série de récits littéraires et d’écrits analytiques accompagnés de questions.
Ça va, la phrase n’est pas trop longue, vous suivez ?
Ces questions sont réparties en quatre niveaux de difficulté :
- simple restitution des faits ;
- analyse des liens de causes à effets ;
- mise au jour d’informations présentes implicitement dans le texte ;
- analyse critique des intentions de l’auteur.
Les capacités analytiques des enfants français sont en berne. Ils sont davantage en difficulté sur des questions complexes de niveau 3 et 4. Leur score recule de 523 à 501 en quinze ans.
Ceci dit, ils s’en sortent à peine mieux sur les compétences 1 et 2, et passent de 529 à 521.
Des enseignants conservateurs et malheureux
Dans les musées, les conservateurs, c’est bien.
Dans la réalité, ça s’oppose tout de même au progrès. Or, Pirls s’intéresse aussi aux professeurs.
Les professeurs français consacrent 330 heures par an à l’apprentissage de la langue et 165 à la lecture. En comparaison, la Finlande qui se trouve en haut du classement n’en consacre respectivement que 186 et 122.
En France, 41 % des enseignants demandent à leurs élèves de comparer les informations tirées de leur lecture avec leur propre vécu, contre 83 % dans l’ensemble des pays étudiés.
64 % leur réclament de tirer des conclusions générales de leurs lectures (contre 82 % sur l’ensemble du panel).
36 % les enjoignent à établir les intentions de l’auteur (contre 66 %).
Ils sont 29 % à ne jamais constituer de groupes de travail hétérogènes (contre 8 %).
28 % à ne jamais laisser un élève en autonomie (contre 5 %).
38 % n’ont pas consacré la moindre heure ces deux dernières années à se former aux techniques d’apprentissage de la lecture.
Ouais, c’est bas. Pire, c’est même nul.
Mais ce n’est pas tout. Seulement 26 % des enseignants français sont « très satisfaits » de leur travail. En opposition aux 57 % de l’ensemble du panel.
Problème de motricité chez les parents
Pirls se penche également sur les parents.
Vous savez ? Ces gens qui viennent gueuler sur les profs à la moindre occasion, convaincus que leurs têtes blondes illettrées sont des génies.
Il semblerait que les parents français soient atteints d’un mal les empêchant d’effectuer certains mouvements, comme celui d’ouvrir un livre par exemple.
Pirls souligne une forte corrélation entre les résultats des élèves et l’intérêt de leurs parents pour les livres. Or, les enfants de gros lecteurs dominent le cheptel.
Seuls 22 % des parents français « apprécier beaucoup » la lecture. Moitié moins que la moyenne européenne de 40 %. Et 21 % des parents français n’aiment « pas du tout » lire.
On frôle la honte de plein fouet.
Une chose est certaine, ce n’est pas avec la qualité de nos écrits que ça va changer. Au moins, nous n’aurons plus à subir la nouveauté de Jean d’Ormesson à chaque rentrée littéraire. On se console comme on peut.