Nous avons principalement parlé de deux choses, nos revenus et notre absence des réseaux sociaux. En m’étalant sur trois articles, je vais donc non seulement vous les briser avec ça, mais en plus je vais parler de l’avenir de Dead-Men.
C’est un sujet qui revient régulièrement et auquel je réponds toujours les mêmes choses.
De grands cons vont parler de modèle économique, de business plan, et de tout un tas d’autres formules traduisible par « comment gagner un maximum de thunes ». Ce n’est pas notre démarche.
La politique de l’absence de publicité
Dans le train, mes interlocuteurs m’ont demandé pourquoi nous n’avions pas recours à la publicité. Avec l’argument que tout le monde s’en fiche, donc que ça ne gêne pas.
Un choix de départ
C’est une vielle discussion qu’ont eu les anciens (à savoir, Dead-Man JM et moi-même) lors de la création de Dead-Men. Notre position se résume simplement à deux arguments, l’un pragmatique et l’autre pratique.
Un public cible trop faible et insensible à la publicité
La fréquentation de Dead-Men n’a jamais été monstrueuse. Notre cible est restreinte et le site s’adresse à un public de niche. Le profil que nous avons dressé via Google Analytics (qui, au passage, est la seule chose qui traque quoi que ce soit sur notre domaine) est celui d’un internaute cultivé et francophone, amateur de cinéma, de bande dessinée et de littérature. La répartition des sexes est assez bien respectée (je pense que le fait de présenter des personnages féminins forts qui échappent à la vaste fumisterie qu’est le test de Bechdel joue grandement), à savoir 56% d’hommes et 44% de femmes. Violette Anthémis est une fois de plus l’exception ; bien que géré par une femme, le site attire une immense majorité d’hommes (plus de 75%), sans surprise.
Pour ces raisons, la publicité sur Dead-Men serait une imbécillité sans nom. La fréquentation n’est pas assez forte pour que le nombre de clics soit rentable. D’autant moins que nous nous adressons à un public relativement insensible à cette pratique.
Or, au sein de Dead-Men, nous détestons la publicité. Personnellement, je la trouve souvent intellectuellement insultante. Nous avons donc refusé d’infliger à nos visiteurs quelque chose d’inutile et que par dessus le marché nous trouvions insupportable.
Voilà pour l’approche pragmatique.
Le poids de la publicité tue un site
Les sites de Dead-Men, Violette Anthémis en tête, sont relativement lourds. Rien de comparable à Amazon ou Flickr, mais leurs soucis d’optimisation ne nous concernent pas.
Dead Man JM tient à ce qu’une page se charge dans les deux secondes. Or l’ajout de bannières publicitaires alourdit considérablement le poids d’une page ainsi que son temps de téléchargement.
La Fondation Mozilla, citée par l’article de Green IT, donne des chiffres vertigineux. Ainsi, la suppression des publicités dans les pages web réduit en moyenne :
- de 44 % le temps nécessaire à leur affichage,
- de 39 % le poids des octets à télécharger,
- de 67 % le nombre de cookies traçants, utilisés pour comprendre vos habitudes de consommation à votre insu.
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Le poids d’une publicité |
Intolérable de notre point de vue. D’autant plus que, encore une fois, cette démarche n’est pas rentable.
Et ça, c’était l’aspect pratique.
Une décision que nous maintenons
Imaginons maintenant que Dead-Men connaisse une forte croissance et que sa fréquentation se développe à tel point que l’insertion de publicité pourrait devenir rentable. Cela ne change rien au fait que nous refusons d’infliger cette nuisance à nos visiteurs. D’autant moins que, si ça se trouve, ils viennent chez nous justement parce qu’il n’y a pas de publicité et qu’ils apprécient le confort. Donc, parmi leurs centres d’intérêt, sans doute favorisent-ils celui qui leur offre le plus grand confort.
Je sais, on me reproche souvent d’avoir trop confiance en l’espèce humaine.
La seule forme de publicité que nous nous autorisons, c’est de parler de quelque chose que nous apprécions. De partager un lien, par exemple. S’il est sponsorisé, tant mieux, mais ce ne fut jamais le cas. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une démarche lucrative ; simplement nous pensons que le web doit se développer à l’image des sociétés humaines, sur le dialogue et l’échange, et non pas sur un modèle économique, qu’il soit libéral ou pas.
En conclusion
Et à ceux qui objectent qu’il faut bien que quelqu’un paye, je dis simplement ceci : nous ne perdons pas d’argent à faire ce qui nous plaît.
D’accord, ça ne remplit pas quotidiennement le réservoir de ma Ferrari, mais il faut admettre que les jantes en or massif augmentent considérablement sa consommation.